Carnet d'un naturaliste-sportif

Wednesday, May 17, 2006

marathon


Voilà une belle photo-souvenir du marathon de Paris 2006, couru aux côtés de Rémi. Ce fut une expérience très riche de partager avec lui, durant 42,195 kms, notre enthousiasme, notre fatigue, nos doutes, notre effort.
L'année prochaine, nous irons sûrement faire le marathon de Luxembourg, fin mai 2007. Cela nous permettra de réaliser l'essentiel de notre entraînement au printemps, car la difficulté du marathon de Paris, qui a lieu début avril, est qu'il faut réaliser les sorties les plus éprouvantes de l'année (jusqu'à 2h30) sous la neige, le froid, la pluie.

Ce dimanche 14 mai, j'ai participé aux 10kms de Sarrebourg, organisé par le 1er R.I. Au total 600 coureurs, dont 400 militaires!
Le départ du 10 et du 20 étaient communs. Comme chaque année, les militaires sont partis très vite, mais je sais maintenant résister à la tentation de les suivre et ainsi partir plus tranquillement pour remonter petit à petit le peloton. Je pars donc aux alentours de la 25-30e place, et me retrouve au passage du 1er km en 12e position. J'avais repéré dès le départ, que parmi les premiers, il y avait un coureur d'au moins 65 ans, de petite taille et très fin. Impressionné, je me suis tout de suite dit qu'un coureur expérimenté qui part aussi vite doit être très fort. J'avais vu juste. J'arrive cependant à le rejoindre au 2e km et me situe alors à la 9e place. Mais, bien que mon intention première soit de le relayer, je n'y arrive pas et je ne peux que me contenter de le suivre modestement. Il me distance même dans la longue montée du Rebberg qui s'étale entre le 7e et le 8e km. Je le rejoins à nouveau, et à environ 1,5km de l'arrivée, j'accélère. Je dépasse un coureur qui m'avait passé quelques minutes auparavant, puis je poursuis mon effort pour rejoindre cet homme. Je me dis que, si à 500m de l'arrivée je ne l'ai pas rattrapé, je resterai derrière pour passer la ligne d'arrivée car je pars du principe que m'ayant servi de lièvre durant toute la course, il ne serait pas juste que je profite de ma fraîcheur pour le finish pour lui passer tout juste devant. Non, si je dois le battre ce sera de beaucoup ou ce ne sera pas.
Curieusement, il n'accélère pas et je le rejoins assez facilement. Arrivé à son niveau, je regarde son dossard, et surprise! "Tu fais le 20 kms!?" - "Oui", me répond-il, "salut!"...
Pas de doute, je suis vraiment impressionné. Je boucle mon 10kms en 35'57'', à la 7e place.
Je réalise là une performance qui me satisfait vraiment, mais ce que je retiens avant tout, c'est que j'espère, arrivé à l'âge de cet homme, pouvoir courir comme lui.
Rémi et moi restons voir l'arrivée du 20: il finit 3e, et en voyant son chrono, je constate que je n'aurais sans doute pas été capable de le suivre...

Wednesday, May 10, 2006

Hirondelles...

20 avril: depuis quelques jours maintenant, le temps est magnifique, et je me retrouve étalé sur le banc devant la maison, étalé et pieds nus, goûtant la douceur de l'air. Les oiseaux sont actifs, j'en vois souvent passer, une brindille dans le bec. Les coucous se font à nouveau entendre, enfin sortis de leur long sommeil hivernal. Par contre, j'ai vu bien peu d'hirondelles pour l'instant, et bien que j'ai laissé volontairement la lucarne du garage ouverte, dans l'espoir qu'un couple vienne s'installer dans les poutres, aucun de ces magnifiques oiseaux ne s'est encore aventuré à l'intérieur, à ma connaissance. Cependant, il faut préciser également que lors de la découverte d'un lieu potentiellement intéressant pour une nidification, ces prudents volatiles ne font que le visiter la première année afin de s'assurer qu'il est suffisamment calme, qu'il y a de la boue à proximité pour la construction du nid, et que le lieu n'est pas menacé.
En ce qui concerne ce point-là, je ne m'inquiète pas trop de la présence féline de Kidal: bien qu'elle s'essaie de plus en plus souvent au délicat art de la chasse avec déjà quelques trophées à son actif, et qu'elle s'entraîne quotidiennement sur Loucky, les hirondelles savent comment maîtriser les intentions meurtrières du chat maître du lieu: si un oisillon se retrouve au sol par exemple, les hirondelles vont s'associer pour effectuer des vols piqués en rase-motte au-dessus du chat réduisant à néant ses desseins et ses mouvements... jusqu'à ce qu'il renonce!
J'ai placé deux pots de terre que j'arrose régulièrement afin de la maintenir humide, en espérant que cela constituerait de la boue en quantité suffisante.

Ce soir, mes jambes sont bien lourdes, alors que je m'apprête à faire un tennis. Le footing d'hier soir avec mon ami Fred se fait encore sentir. Et pour cause! Emportés par notre enthousiasme de courir ensemble, on a fait fi de la mise en route progressive habituelle et l'on a couru à un rythme soutenu dès le départ, tout en discutant.
Descendus jusqu'au ruisseau du Brunnenthal, nous voilà remontés au sommet de l'autre versant en même pas 25'. A nouveau dans le fond de vallée, de la Zorn cette fois-ci, nous empruntons le chemin qui longe le canal de la Marne-au-Rhin sur un petit kilomètre, avant d'entamer la montée vers le rocher du Petit Moulin, au promontoire duquel une superbe vue sur Lutzelbourg s'offre à nous. Un peu contraints de ralentir, nous poursuivons notre chemin en passant par le château de Lutzelbourg, puis tranquillement, nous rallions notre point de départ. Belle balade.
En début de soirée, le soleil inondait de ses rayons les sommets environnants. Ce sont ceux-là mêmes qui, durant le long et froid hiver, réchauffent le coeur du coureur et l'encouragent à avancer.

Monday, May 08, 2006

La ligne bleue


Je connaîs un coin où y a plein d'oiseaux
Des rouge-gorges, des faucons, des moineaux
Ils habitent dans ce pays de forêts, de ruisseaux
C'est une montagne où le sommet est pas bien haut
Mais qu'elle est belle avec ses vallées, ses châteaux.

De loin, sous le ciel, on voir une ligne bleue
C'est un peu un mystère mais c'est la Nature
Y a que des arbres: des grands, des vieux
Dans cette forêt où on respire l'air pur.
Et p'is au petit matin
Y a de la brume dans les sapins.

Quand j'y vais c'est la solitude, le bonheur, la liberté
Que ce soit l'hiver, le printemps, l'été
Et c'est la Vie.
Dans ces lieux que je respecte à l'infini
Y a l'odeur des mûres ou des champignons
En fait j'ai compris que ça dépend la saison.
Et p'is parfois si on fait pas d'bruit
On peut voir passer un renard, un chevreuil
Ou bien juste ramasser dans la mousse humide
Une pomme de pin rongée par un écureuil.

Par contre si demain
Tu t'aventures sur ces chemins
En moi montera la colère
Si tu jettes ta canette par terre
La Nature est fragile, sois respectueux
Alors fais attention, fais de ton mieux.

Wednesday, May 03, 2006

Biodiversité (3)

En atltitude, au-delà de 850-900m, dans les zones très exposées au vent, on peut remarquer que le bouleau occupe une place plus importante, par exemple dans le massif du Schneeberg (961m), ou encore aux abords du rocher du Mutzig (1010m).
Je suis rassuré de constater que ces forêts, même si elles sont sans doute pour la plupart secondaires, c'est-à-dire qu'elles ont été à moment donné façonnées par les hommes, restent belles et majestueuses. On peut même espérer que la place des plantations de sapins en timbre-poste va diminuer de plus en plus. Ainsi, toutes ces forêts fragiles balayées par la tempête de 1999 n'ont pas été replantées à l'identique dans bien des endroits.

Par exemple, dans la vallée du Brunnenthal, entre Trois-Maisons et Bois-de-Chênes, on a laissé les ronces et les mûriers recouvrir le sol -et ainsi permettre aux graines de germer naturellement et de ne pas être dévorées. Ce retour à plus de naturalité a été accompagné par quelques plantations d'arbres feuillus dont les exigences correspondent à la nature des sols et à l'altitude.
Second exemple: la ripysylve de la Zorn a été renforcée par des arbres résistants dans les environs de Neustadtmühle. De plus, les autres arbres ont été débardés à l'aide de chevaux de trait pour ne pas abîmer les rives.
J'espère que ces exemples encourageants seront encore plus suivis pour une protection maximale de la forêt.

Il est toujours bien triste d'être le spectateur du travail dévastateur d'un bulldozer en train d'élargir les chemins. Le résultat est impressionnant. Avant: un agréable petit sentier de sable rouge, séparé en deux par une bande herbeuse où se mêlent parfois quelques genêts ou quelques jeunes arbustes courageux; et sur les bords du chemin, bien souvent des champignons, des petits arbres, des mousses, et même des mares minuscules qui offrent l'hospitalité à des colonies de têtards, ou encore une fourmilière dont on peut admirer le dur labeur de ses ouvrières.
Après: une sorte d'autoroute dénudée de vert et de vie, aux abords abrupts et rocheux. Le sol: soit une boue rougeâtre marquée par les traces énormes et profondes de ces engins, soit des cailloux calcaires gris -pour favoriser la circulation motorisée- qui n'ont rien à voir avec la nature de la roche-mère et qui dénaturent le paysage.

Ce spectacle me révolte encore plus quand je pense que ces aménagements sont réalisés pour les chasseurs. Ces derniers, en vrais amoureux de la Nature, pénètrent au plus profond du sanctuaire sauvage avec leurs 4x4, vident quelques bières puis jettent la bouteille un peu plus loin (pas la peine de la conserver jusqu'à pouvoir la mettre dans une poubelle puisque si elle est en verre elle mettra 4000 ans pour se décomposer, et si elle est en métal, seulement 800). Les chasseurs sont des grands naturalistes: ils gèrent la population de la forêt, qui régulièrement, est en surnombre. Mais au fait, pourquoi? La Nature est normalement si bien faite que le nombre de chaque espèce animale se régule de lui-même, élément parfaitement intégré dans la chaîne alimentaire. Ce n'est plus le cas. En effet, les prédateurs (ours, loup, lynx) ont disparu depuis bien longtemps des forêts vosgiennes et de bien d'autres d'ailleurs, tués par les chasseurs justement. Le lynx tente bien un retour, mais celui-ci n'est pas facilité par les braconniers qui voient en lui un concurrent.
L'absence ou le faible nombre de prédateurs suffit-il à engendrer cette surpopulation régulière? La réponse est non. Ces pseudo-naturalistes que sont les chasseurs, sont également les responsables du gavage des animaux. Les mangeoires sont nombreux, les affûts tout près. C'est plus facile pour tuer.
Les chasseurs ont cependant des règles à respecter: ils ne doivent pas tuer les sujets jeunes, notamment, c'est logique. Mais combien respectent ceci et prennent la peine d'observer avant de tirer? Je pose la question.

Biodiversité (2)

Qu'est ce qu'une forêt vierge?
C'est une forêt caractérisée par un écosystème complètement naturel, modifié et enrichi au fil du temps uniquement par l'action des aléas climatiques, et jamais par l'homme.
Cet écosystème, contrairement à ce que certains pourraient penser, s'auto-gère parfaitement: chaque élément y a sa place, y joue son rôle, de telle manière que la vie et la mort coexistent et s'imbriquent, "le recyclage complet des matières organiques et minérales à travers les flux énergétiques dans lesquels s'insèrent les organismes en réseaux alimentaires complexes traduisent au contraire le plus haut niveau d'organisation que puisse atteindre un écosystème terrestre."

Ces forêts sont le résultat de millions d'années d'une évolution qui a abouti à un équilibre parfait. Cet équilibre a été rompu, du moins fortement perturbé par la main de l'homme pour satisfaire ses besoins, presque partout dans le monde et de plus en plus, et dès le 7ème siècle dans les Vosges.
A l'état naturel, la structure des forêts vosgiennes ne seraient pas aussi simple qu'elle ne l'est aujourd'hui.

On parle de forêt climacique lorsque les essences en présence sont en harmonie avec l'exposition et l'altitude surtout, mais aussi le degré de pente. On distingue trois étages climaciques dans cette montagne:

  1. entre 300 et 600m, c'est la chênaie-hêtraie qui domine (c'est à ces altitudes que je cours le plus souvent, mais les pins et le épicéas, implantés en grande partie par l'homme épaulent largement les chênes, peu nombreux, et les hêtres, malgré tout très présents).
  2. la hêtraie-sapinière règne entre 600 et 900m,
  3. et enfin, les sapins laissent place à la hêtraie d'altitude au-delà de 900m.

L'altitude et le climat à caractère montagnard, par la lenteur de la décomposition de l'humus forestier, ainsi que la roche-mère, le grès vosgien (dont les nombreux blocs parsèment les versants et donnent au paysage forestier un caractère imposant) contribuent à la formation de sols acides: la hêtraie-sapinière s'accomode particulièrement bien de ces sols.

Cependant, bien que le taux de couverture forestière ne dépasse les 80% -voire 85%- entre Phalsbourg et le Donon, environ 20% de la surface est caractérisée par une monuculture artificielle, telles que des plantations de peupliers, d'arbres exotiques, ou le plus souvent d'épicéas et de sapins, plantés de manière tristement alignée, pour rentabiliser au maximum l'espace, alors que la Nature, elle, ne connaît pas les lignes droites, et n'apprécie que les courbes infiniment plus compliquées, sinueuses et inégales, mêlant l'épaisseur et la minceur, le petit et le grand, le minuscule et le gigantesque, l'horizontal et le vertical, le jeune et le vieux... Le paysage ainsi offert est incroyablement moins riche, moins somptueux et moins merveilleux que celui naturel qui inspire le poète et le met en verve, alors que sa page reste blanche et triste devant la géométrie prévisible d'un agencement anthropique.

Les sapinières qui en résultent, très serrées, ne laissent pas filtrer suffisamment le soleil: on trouve alors des branches décharnées à la base, un sous-bois inexistant dans lequel même la mousse ne s'aventure pas toujours, et surtout une fragilité extrême des arbres qui, n'ayant pas de place pour s'épanouir, restent fins, et se sont effondrés en quantité -tel un château de cartes- lors de l'ouragan Lothar des 26 et 27 décembre 1999.

Ainsi, le sapin et l'épicéa; favorisés par l'homme, dominent très largement le hêtre et se retrouvent également dès 300m d'altitude.

Fort heureusement, les hêtraies-sapinières sont très nombreuses et offrent un écosystème de très grande qualité lorsqu'elles sont complétées par d'autres essences comme le chêne, le bouleau, le pin sylvestre (qui apprécie particulièrement les roches gréseuses), le noisetier et bien d'autres. La forêt de Phalsbourg au Donon peut dans certains endroits prendre l'allure d'une semi-clairière de hêtres, tapissée de hautes herbes et genêts. Ce sont des terrains dont raffolent les chevreuils et les lièvres, et j'y ai souvent eu l'occasion de les y apercevoir.

La suite et fin dans le prochain message.

Tuesday, May 02, 2006

Biodiversité (1)


Avec l'arrivée tant attendue des beaux jours, l'envie de réaliser de longues sorties, à la découverte (ou la re-découverte) de sentiers parsemés de mille intérêts tous différents et captivants, se fait sentir. Mais je dois attendre d'avoir couru le marathon car je ne peux pas me permettre d'être fatigué le jour de l'épreuve. J'ai quand même réalisé quelques sorties d'une heure ces derniers jours, assez espacées puisque je suis en période de récupération. Cela m'est d'ailleurs assez pénible et j'ai hâte de courir à nouveau mes 50 à 60 kms hebdomadaires, accompagné de Loucky, mon fidèle chien-coureur.
Cette semaine, j'ai aperçu 3 chevreuils, dont un peu farouche, qui est resté quelques secondes à nous observer Fanny, Loucky et moi, avant de s'enfuir dans la semi-clairière de hêtres dans un spectacle de bonds gracieux et précis, offrant à notre vue son touchant arrière-train complètement blanc.

Je mesure vraiment ma chance d'avoir une maison posée au pied des Vosges sur ce sol rose parfumé, à seulement 2 minutes en petit footing d'une forêt immense et riche en histoire et en biodiversité.
Il y a 16000 ans, un réchauffement climatique met fin à la période froide et engendre une végétation de taïga à pins et bouleaux, puis à une toundra parsemée de saules. Le noisetier, ainsi que d'autres plantes arctiques s'imposent par la suite, alors que le réchauffement se poursuit.
Il y a 7000 ans, du fait de la douceur toujours plus grande du climat, les Vosges se couvrent de forêts de chênes, d'ormes et de tilleuls.
Le climat va se refroidir à nouveau quelque peu: la place de la chênaie va alors reculer au profit de la hêtraie-sapinière qui domine depuis 4000 ans les hauteurs vosgiennes, et l'épicéa va s'implanter il y a à peu près 2000 ans.

Avec l'humanisation de la planète, ces lieux n'ont pas été épargnés par des retouches de l'homme, même si discrètes. Les Vosges Centrales sont recvouvertes par l'un des plus vastes ensembles forestiers continus de France. Le degré de naturalité reste élevé mais les forêts vierges, celles qui n'ont jamais été retouchées par l'homme sot désormais bien peu nombreuses, réfugiées dans quelques pentes inaccessibles.

La suite dans mon prochain msg!