Carnet d'un naturaliste-sportif

Thursday, July 17, 2008

Une autre réalité

Cette nuit, j'ai fait un rêve. Bien souvent, il m'arrive de rêver le même scénario, ce mélange subtil de souvenirs et d'inventions tantôt plausibles, tantôt loufoques voire carrément irréelles.
C'était l'été je crois, la saison où ce sentiment de liberté habite les enfants qui délectent leurs premiers jours de vacances, où légèreté , enthousiasme et espoirs côtoient les grasses matinées, et la saveur du soir qui tombe sur un jardin arboré et fleuri.

Et je me trouvais à ses côtés, dans sa pittoresque Dyane, comme si de rien n'était. Mais, bien que je rêvais, je me rendis immédiatement compte du côté forcément impossible de cette scène: elle n'est plus là, depuis plusieurs années désormais, cela ne se peut pas...
Et bien si. En fait, je réalisais rapidement que dans cette autre réalité, ce que je voyais, j'étais en train de le vivre le plus naturellement du monde!
Comme pour me convaincre et effacer mes dernières traces d'incrédulité, elle se tourna vers moi tout en conduisant, et me demanda de bien vouloir rétrograder en 3ème à l'amorce du virage serré qui s'annonçait. Comme elle l'a fait tant et tant de fois. Juste parce qu'elle savait que cela me faisait plaisir.
J'osai à peine prononcer son nom, mes lèvres murmurèrent: "Mamie? Mais, tu es là!?"
Mais elle ne m'écoutait pas, car elle avait déjà entamé une explication détaillée de ce qui était arrivé à l'une de ses voisines qui décidément parlait bien mal à son mari, mais que de toutes façons on ne pouvait lui faire entendre raison.
Elle débitait son flot de paroles comme si je l'avais vue hier pour la dernière fois, comme si toutes ces années depuis sa mort ne s'étaient jamais écoulées.

Changement de décor, de lieu, de moment.
Nous voilà au beau milieu de la forêt, de notre forêt ai-je envie d'écrire, accroupis au centre de la production annuelle des haricots du potager de son chalet, occupés à en récolter les verts légumes. Et l'on discute toujours.
Moi, je suis partagé entre l'envie de pleurer mon chagrin car je sais au fond de moi que ces moments-là ne sont que les réminiscences d'un passé enfoui au plus profond de mon être, résultat mêlé de ma tristesse et de souvenirs si précieux; et entre le désir de savourer ces quelques instants qui me paraissent si réels et qui sont peut-être des cadeaux qu'elle m'offre depuis son au-delà.

Et à chaque fois, c'est pareil, je me réveille encore en proie à l'intensité de ces songes, mais envers lesquels je suis reconnaissant car ils me permettent de conserver ces souvenirs dans une jeunesse immortelle. Puissè-je continuer à rêver ainsi...
Une vie humaine obéit aux lois de la Nature et connaît donc un début et une fin. En est-il de même pour l'âme d'une personne? Disparaît-elle avec le dernier souffle ou bien s'envole-t-elle vers un monde nouveau, serein et beau?
Je ne sais, mais ce qui est certain c'est que les sentiments, eux, survivent à tout, et continuent à alimenter les coeurs par delà les ténèbres de la mort.