Carnet d'un naturaliste-sportif

Monday, March 03, 2014

Le chercheur d'absolu

"Le désert forge son disciple. Il donne le goût pour la transparence, la rigueur, l’émerveillement." Théodore Monod




Les mots qui suivent me sont inspirés par ceux de Théodore Monod évoquant sa passion pour le désert. 

Le 15 janvier, 28,4kms courus avec Rémi sur mes sentiers préférés. Trois jours plus tard, j’effectue 12 kms rapides. Les températures étant légèrement négatives, un peu de blanc illuminé par le Soleil recouvre le sol. Mes Nike Free aux pieds, jaunes fluo et étoilées, je bondis tel un chevreuil joyeux, rassuré sur l’état de mon pied douloureux. L’orteil n’est pas fracturé, mais juste déboîté. 

Je vois la forêt, sans doute comme le désert, comme un révélateur de l’âme. Elle permet à celui qui la fréquente de partir à la recherche de sa Vérité et à se relier à l’Universel. Elle fait jaillir le feu intérieur, celui qui servira ensuite à rayonner sur le monde extérieur par nos actes, nos paroles et nos pensées. 

Le 26/1, beau temps froid et ensoleillé. Noé et moi nous rendons au jardin pour offrir quelques graines aux oiseaux. Kidal le chat nous fait bien rire à nous dépasser à toute vitesse et à grimper aux arbres avec ses yeux un peu fous.
Plus tard, Arthur et moi y allons pour jouer au foot puis à cache-cache. 

La Nature nous apprend la sagesse. La forêt apprend au corps l’harmonie dans le mouvement. Courir dans la forêt, dans la montagne, c’est aussi l’apprentissage de la soustraction. Deux litres d’eau dans le sac, une nourriture frugale. Et si l’on part pour plusieurs jours, j’imagine, un livre, un cahier et un crayon, quelques paroles. Les veillées du soir sont consacrées aux échanges, au rire et au partage. Le reste appartient à la méditation, au spirituel. 

Le 28/1, 3kms de marche et pique-nique sur un rocher surplombant la vallée avec Fanny et Loucky. J’enchaîne avec 11,7kms de course. Les jours suivants, en plus de mes balades avec Noé et Loucky, ou parfois Arthur qui souhaite me montrer comme il court vite (et c’est vrai !), mes courses quasi-quotidiennes sont comprises entre 10 et 12kms. Et notamment le 4 février, jour de mon anniversaire, ou après avoir effectué un échauffement de 5kms en compagnie de Loucky, j’en cours 7 autres rapides en passant par le Petit Moulin, un de mes endroits préférés au monde. Je suis flashé à 24km/h dans les rues de Lutzelbourg. 

Le coureur à pieds, qui parcourt et contemple la Nature, ignore les frontières. Sa course remonte aux origines. Elle est synonyme de liberté physique et spirituelle. Il retrouve alors le Cosmos, la forêt est une source inépuisable de sagesse. Elle éveille l’homme, lui permet de dégager son essence. Elle lui permet aussi, une fois celui-ci retourné à la vie citadine, de conserver sa liberté intérieure.
J’ai la chance de parcourir la forêt presque tous les jours. Elle m’a façonné, appris l’existence. Elle est belle et colorée, pleine de vie et d’harmonie, elle ne ment pas. C’est pourquoi il faut l’aborder avec respect.
La forêt est un temple sacré. Il faut donc en respecter les habitants, les arbres et les animaux, en écouter les leçons. Elle enseigne qu’on peut vivre avec très peu de choses et bien se porter.
A la manière de Théodore Monod, le salut n’est-il pas dans une certaine autarcie, dans l’art et l’artisanat, dans la joie et la contemplation ? 

Après une semaine de repos dû à un épisode fiévreux, je retrouve les sentiers pour une course de 15kms, dont presque 5 avec Loucky. J’ai encore un peu mal à la tête mais je n’y tenais plus. En plus, un Soleil magnifique rayonne et illumine la montagne. Le plaisir est immense !
Au cours de mes sorties suivantes, mes pas résonnent souvent avec les coups de bec réguliers du pic-vert qui s’envole à mon approche. Un chevreuil se montre aussi un soir à la nuit tombée. 

Dans la forêt, la grandeur des commencements est présente chaque matin. Le jour commence avec l’aube : merci à Arthur et Noé de me le faire remarquer si souvent !
Chaque lever du Soleil permet de s’émerveiller mais aussi d’espérer.
J’espère en une humanité nouvelle, en un être dépossédé enfin de la spirale infernale de ses possessions. Un être qui partage, qui compatit, qui aime, qui s’amuse. La source du bonheur est en nous-mêmes !
Contre la religion du profit, nous devons opposer la religion de la beauté et de l’amour. Chaque être est unique, sacré. Chaque être est investi d’une mission, d’une quête du Graal qui lui est propre. Quelque soit la forme et la nature de celui-ci, il œuvre forcément pour le beau, le bien, le vrai. Pour l’amour de soi-même et des autres, de la Terre. 

Le 23 février, course de 18,7kms. Un premier circuit avec Loucky, un peu écourté car je dois faire demi-tour pour le retrouver affairé au pied d’un arbre avec un gros morceau de lard fumé. Je poursuis seul, par une douceur de l’air à peine croyable, en alternant les montées et les descentes, et des portions de plat où j’essaie de courir le plus vite possible. L’après-midi, en compagnie de Ralph, Arthur, Noé et d’Hermès le chien, marche d’une heure en passant devant l’affût duquel le loup a été vu tout récemment.
Le 25, marche de 11,5kms et pique-nique au rocher Belle-Vue avec Loucky. Je vois beaucoup d’oiseaux : sittelles, rouges-gorges, mésanges, merles…
Le 26, 35,8kms sur les terres de Rémi, dont 28 de course. Nous nous arrêtons un instant sur son banc de sérénité puis nous nous mettons debout sur son banc d’énergie. 




La forêt me retire du temps. Elle me rapproche de mon idéal. L’écriture me permet de tenter d’exprimer mes vérités, de me fortifier aussi en mettant en mots les profondeurs de mon âme. Si jamais je réussis à toucher une conscience, sous une forme ou sous une autre, mon défi aura été un succès.
Je vois la vie comme une jolie histoire pleine de poésie et d’humour. Essayer de l’écrire, le dire et le penser, vivre et prendre soin de mon Amour et de mes Anges, courir dans la forêt, voilà mes missions !

2 Comments:

At 4:13 AM, Blogger Remiskyrunner said...

Des très belles vérités et j'ai adoré nos deux grandes sorties trail running ; de si bons moments !

 
At 1:18 AM, Blogger Saturnas said...

C'est bien vrai : courir c'est l'apprentissage de la soustraction. Se détacher des contraintes matérielles et idéologiques qui ne sont que des boulets qui nous freinent, nous gênent dans notre accomplissement. Nous sommes des êtres imparfaits, ni animaux, ni dieux et nos contingences nous empêchent de grandir, de nous dépasser. Il faut sans doute apprendre à nous débarrasser de tout ce qui nous retient pour nous parfaire.
Toi tu es déjà dans la pratique moi encore dans la théorie.

 

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